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Économie morose + climat défavorable = Toussaint sans éclat

La Toussaint s'est déroulée dans la droite ligne de l'automne 2012 : ventes chaotiques, climat peu favorable et clients recherchant les prix bas.PHOTO : FRANCIS GINESTET

La Toussaint 2012 a été plutôt maussade. Davantage dans le sillage de celle de 2010 que celle de 2011, elle ne va pas aider les professionnels à redresser leur trésorerie...

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L'année dernière, les ventes de la Toussaint ont été considérées comme bonnes à très bonnes, et c'est sur cette base qu'il faut apprécier celles de 2012 qui sont, à l'évidence, moins satisfaisantes, même si le chrysanthème reste une valeur sûre. En 2011, les Français ont acheté 24,9 millions de pots, toutes plantes confondues, pour un montant total de 208,7 millions d'euros, dont 22,5 millions de pots pour le cimetière pour un montant de 190 millions d'euros. Environ 2,4 millions de pots ont été achetés pour la décoration et le jardin, soit une dépense totale de 18,7 millions d'euros. En ce qui concerne les achats de chrysanthèmes, les mois d'octobre et novembre 2011 ont représenté 93 % des volumes et 89 % des sommes dépensées pour les cimetières ; 84 % des volumes et 86 % des sommes dépensées (*) pour la décoration et le jardin. Cette dernière utilisation montre une tendance encourageante pour l'avenir de ces plantes.

La météo et le calendrier n'étaient pas de la partie

Ce mois d'octobre 2012 a été marqué par des précipitations très abondantes, avec de fréquents passages perturbés sur la moitié nord et de nombreux évènements pluvieux méditerranéens, souvent violents. Les cumuls de pluie très importants ont été responsables de plusieurs inondations, notamment dans le Pas-de-Calais, le Var, ainsi que dans les Hautes-Pyrénées. Dans un large quart nord-ouest, sur les régions Paca, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, les cumuls sont de une fois et demie à deux fois et demie supérieurs aux valeurs attendues pour un mois d'octobre. Il y a même eu un épisode neigeux précoce en plaine, les 27 et 28 sur le Nord-Est et la région Rhône-Alpes (25 cm dans la banlieue de Grenoble). Ces précipitations ont occasionné quelques pertes en plantations extérieures et dans les serres non chauffées. Un certain nombre de plantes ont été dépréciées et les consommateurs n'ont pas été très motivés.

Les ventes de la Toussaint ont clôturé un mois d'octobre morose comparativement à la même période 2011. Elles sont toujours meilleures quand elles sont adossées à une fin de semaine. Cette année, la Toussaint était un jeudi. La fréquentation en jardinerie a été à peine plus importante qu'un jour de semaine ordinaire, et les samedi et dimanche suivants ont été quasi normaux. Les ventes se sont étalées jusqu'au 11 novembre, sans périodes dynamiques.

La production perturbée par l'humidité

Les principaux types de plantes commercialisées sont, par ordre décroissant d'importance, les pomponettes et multifleurs cultivées en pot de 15 cm à 20 cm, les assemblages de chrysanthèmes et de plantes cultivées en coupe ou jardinière, les chrysanthèmes éboutonnés présentant trois, cinq ou plus grosses fleurs par pot. Par ailleurs, cette période de vente est favorable à d'autres groupes de produits comme les bruyères, les cyclamens, les véroniques et les pensées. Les évolutions sont différentes selon les groupes.

Une part importante des pomponnettes et multifleurs se cultive en pot de 15 à 20 cm selon les régions. La qualité des plantes a été perturbée par deux facteurs cette année, d'une part, l'humidité importante en raison des intempéries et d'autre part, quelques difficultés sanitaires perceptibles dès la réception des boutures. La maturité de floraison, à quelques exceptions près, était normale. Les quantités mises en culture avaient été optimisées en raison de la bonne saison précédente, et les quantités importées étaient importantes, principalement en provenance de Belgique. Selon les producteurs, il restait encore des plantes dans les aires de culture au moment de la Toussaint (de 10 à 15 %). Le blanc est la couleur qui a le plus souffert de l'humidité ambiante. Les couleurs vives, jaune, rose, lilas, orange, ont été les plus demandées, au détriment parfois des plus foncées.

Les coupes se mettent aux mélanges

Pour les coupes, jardinières et assemblages de plantes, et principalement pour les coupes de 27 à 30 cm de diamètre et les jardinières de 40 à 50 cm, la tendance était aux mélanges de couleurs, trois ou cinq, sous une dénomination : Arlequin, carnaval ou tricolore. Les mélanges de chrysanthèmes et plantes à massif d'automne, voire de petite pépinière, sont également proposés. La quantité cultivée a augmenté ces dernières années, car la demande était bonne. Nous avions indiqué l'an passé que ce type de produit arrivait en limite de prix acceptable par les consommateurs et 2012 confirme notre impression : ce sont surtout les premiers prix qui sont demandés. Les chrysanthèmes à grosses fleurs, très populaires avant les années 2000, ont fortement diminué depuis. Ils ne représentent plus que 15 % de l'offre globale. Cette année, malgré la baisse des quantités produites, la demande était plus que moyenne. Par ailleurs, les maladies et insectes ont pénalisé les cultures de ce type de chrysanthème dès la plantation. Si l'on prend en compte le coût de la main-d'oeuvre pour cette culture, le critère de rentabilité devient vite dissuasif.

Les bruyères à la hausse, pas les cyclamens

Les plantes de complément comme les bruyères et les cyclamens montrent des évolutions divergentes. La demande de bruyères était bonne à très bonne, et la production de ce type de plante, principalement importée d'Allemagne et de Belgique, était légèrement déficitaire. Par contre, la demande de cyclamens était moyenne et la qualité n'était pas au rendez-vous, car l'humidité et la réticence des producteurs à chauffer au mois d'octobre ont détérioré la floraison installée. Quant aux plantes à massif d'automne, principalement les pensées, elles se sont mal vendues depuis le début du mois d'octobre en raison de conditions météorologiques peu favorables aux plantations. Elles concourent à la réalisation de coupes et de compositions de plantes pour la Toussaint, mais malgré cela les quantités disponibles sont encore importantes à ce stade de la saison.

Une faible contribution au rééquilibrage des entreprises

Traditionnellement, les ventes de la Toussaint contribuent au rééquilibrage financier des entreprises horticoles, principalement à l'entrée de l'hiver pour pouvoir payer les factures de gaz ou de combustible, et les intrants nécessaires à la mise en culture du printemps à venir. Le prix psychologique des chrysanthèmes baisse chaque année à cause de la part de marché croissante (33 %) passant par les grandes surfaces, de la concurrence pas toujours raisonnée de quelques unités de production à caractère industriel, et enfin à cause des restrictions de dépenses que les ménages s'imposent. La question est de savoir jusqu'où on peut aller en termes de diminution des marges dans un contexte d'augmentation des charges sans risquer l'implosion de nombreuses entreprises de production...

Brand Wagenaar

(*) Enquêtes TNS/Sofres.

MoyenLa demande en cyclamen a été peu soutenue, les cultures ayant par ailleurs souffert de l'humidité.

PHOTO : ODILE MAILLARD

Bon à très bonPar contre, pour les bruyères, essentiellement importées, l'offre a légèrement manqué.

PHOTO : FRANCIS GINESTET

MauvaisLes ventes de plantes à massif d'automne sont faibles depuis début octobre, à cause de la pluie.

PHOTO : ODILE MAILLARD

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